Emmanuelle Pagano – Ligne et Fils

 

Ligne et fils

POL – Février 2015

La mémoire retient tout. La reconstruction est-elle encore possible après l’abandon affectif de parents eux-mêmes abandonnés par leurs propres parents ?

C’est le récit d’une femme qui délaisse son fils, inconsciemment car n’arrivant pas à l’allaiter après sa naissance alors qu’elle le photographie dépérissant progressivement. Elle perd la garde de l’enfant pour maltraitante mais se maintient en vie grâce à ses photos du monde aquatique et végétal, dans lequel elle a pris racine et force. Un monde ardéchois qui l’envoute, des origines minérales qu’elle embrasse corps et âme. Elle vient de l’eau. Ligne est le nom de son arrière grand-père retrouvé abandonné sur les bords du fleuve éponyme. L’eau est l’élément présent qui court comme un fil conducteur et qu’elle poursuit comme l’élément salvateur de sa vie.

Elle mène une existence solitaire dans sa vallée ardéchoise éloignée juste par un cours d’eau d’une famille qu’elle a fuit. Une famille de mouliniers devenue propriétaires d’une filature de coton qui la hante encore. La mémoire d’un abandon générationnel et les séquelles d’une vie sans bienveillance plane sur cette femme qui va malgré tout et par un hasard bien heureux récupérer son fils hospitalisé suite à un coma éthylique. Il a 16 ans.

Emmanuelle Pagano s’imprègne du passé post-traumatique d’une mauvaise mère qui photographie pour oublier que « les images dans la tête sont pires que les photos de famille qu’elle n’a plus ».

Ce roman sombre mais magnifique est le premier tome d’une trilogie. Le style de l’auteure, brut, imprégné par la nature, parfois violent dans son expression des sentiments me rappelle les livres de Sylvie Germain à ses débuts (Le Livre des Nuits, Nuit d’Ambre, Jours de Colère…des œuvres magnifiques !)

Emmanuelle Pagano est née en 1969 dans l’Aveyron.
Ces derniers romans :
Le monde sans vous (Albin Michel, 2011)- Prix Jean Monnet de Littérature européenne 2011
Rendez-vous nomades (Albin Michel, 2012)
Petites scènes capitales (Albin Michel, 2013)

VP

Laisser un commentaire