Arto Paasilinna – Un homme heureux

Arto Paasilinna est né en 1942 dans un camion en plein exode face aux forces soviétiques. Devant les combats, sa famille s’enfuit vers la Norvège, puis la Suède et la Laponie finlandaise. Paasilinna – qui signifie en finnois « forteresse de pierre » est un nom inventé par son père né Gullstén, pour « finniser », comme beaucoup de Finlandais, un patronyme à consonance suédoise (à l’instar des personnes inspirées par le mouvement fennomane). Les circonstances de sa naissance et les premières années de sa vie ont fait dire à Paasilinna : « J’ai connu quatre états différents dans ma prime jeunesse. La fuite est devenue une constante dans mes récits, mais il y a quelque chose de positif dans la fuite, si avant il y a eu combat ».

Un homme heureux écrit en 1976 est le récit de l’ ingénieur Jaatinen chargé de la construction d’un pont dans le village de Kuusmaki, à l’endroit même où pendant la guerre civile de 1918 une bataille a opposé les rouges et les blancs. Un épisode toujours présent et douloureux dans la mémoire des habitants suscitant polémiques et divisions dans la commune.
Utilisant des méthodes originales mais contestées pour gérer son chantier Jaatinen, ingénieur de renom va cristalliser la rivalité puis la haine des habitants. (à l’exception des femmes…)


Mais, c’est surtout son caractère heureux, insouciant et fêtard qui va choquer une population conservatrice engluée dans son isolement et ses préjugés.
Les inimitiés, humiliations et provocations des notables vont aller trop loin et enclencher la vengeance savoureuse de Jaatinen. Méthodiquement l’ingénieur va éloigner tous les notables jaloux et aigris du village : le commissaire Kavonkulma, le professeur Rummukainen, le pasteur Roivas… Finalement Jaatinen prendra la place du Maire Jäminki via un stratagème redoutable.
Une fable politique ? L’argent achète tout, même dans la prétendue ville communiste qu’est Kuusmäki. La satire politique n’est pas loin …

Arto Passilinna décrit un homme chaleureux, décalé et libre. Les comiques de situations sont nombreux avec des personnages truculents et fantasques, ce qui rend le récit cocasse.

Un page turner léger, sans être superficiel qui se termine avec deux femmes et des enfants… Les villageois ne s’en remettent toujours pas, les féministes n’ont plus.

VP

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