Elena Ferrante – L’amie prodigieuse I et II

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Folio – février 2016     Gallimard  – décembre 2015

Sous le pseudonyme d’Elena Ferrante se cache une énigme littéraire qui dure depuis plus de 20 ans. Certains supposent qu’il s’agit en fait de l’écrivain Domenico Starnone ou de son épouse.

L’écrivain(e) parle dans cette saga captivante de l’amour, l’amitié, du mariage, de la condition sociale sans aucun sentimentalisme. Il (Elle) rappelle l’ambiguïté des sentiments humains, ou l’on peut à la fois détester et adorer son conjoint, ses amis, ses enfants, ses parents.

1950, Elena Cerullo (fille du cordonnier) et Lila (fille du portier de la mairie) grandissent à Naples dans un quartier pauvre et violent. Elles sont toutes les deux brillantes percevant l’urgence de sortir de leur condition sociale. Aidées par une professeure bienveillante, elles tentent de s’élever socialement à travers leurs études, afin d’échapper au déterminisme de leur vie de prolétaires. C’est dans une atmosphère violente au quotidien ; pression du quartier et de la Camora, peur de la guerre et des tensions communistes, des agressions au sein des familles soumises (les hommes frappent), que cette amitié va prendre racine.

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L&Vin – Aoc Bandol

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Corinne, Sophie, Catherine et Laurence

La passation est faite. Corinne, Sandrine et Carole nous ont passé le flambeau de leur bb, l’association L&Vins (voir photo et rajouter ma petite personne derrière l’objectif). Un bb de 10 ans d’âge avec 54 marraines qui nous aura permis de nous rencontrer, déguster et rire pendant une décennie !!

Bref, une nouvelle page de cette histoire bachique et une première séance sous les hospices de la très loquace Audrey Léger, cinquième génération du Domaine Tempier en AOC Bandol http://www.domainetempier.com/fr to continue the story !!!

Elle nous aura captivés toute une soirée au Comptoir d’Ornano (excellent !) à travers l’histoire pagnolesque de sa famille et enivrés grâce à des  Bandol enchanteurs. Une première à la hauteur de ce club de femmes reparti pour 10 ans !

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Domaine Tempier

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Audrey Léger

Sylvain Tesson – Une vie à coucher dehors

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Lire couché dans son lit, c’est bien aussi ! Gallimard 2009

Sylvain Tesson me semble encore une fois expert dans l’art de la nouvelle. Je m’étais régalé avec S’abandonner à vivre et je suis à nouveau conquise par cet ouvrage paru antérieurement et dont les 15 histoires de héros burlesques m’ont captivée.
L’art de la nouvelle ne supporte pas la médiocrité et Tesson nous offre généreusement des portraits d’hommes, sans doute rencontrés au gré de ses voyages à travers le monde. Il y a beaucoup d’ironie, de drôlerie et de cruauté chez ces  bretons, russes, indiens, écossais ou grecs qui nous amènent à des réflexions philosophiques sur l’absurdité de la vie (parfois). Notamment, quelques belles descriptions de la bassesse humaine face à la nature et à la société moderne.
Les chutes de ces 15 nouvelles sont à la hauteur des personnages et l’on trouvera aussi de l’optimisme en grattant bien sous le pofigisme slave cher à Sylvain Tesson. Ne pas se laisser engluer dans les méandres de son destin, ne pas lutter contre l’adversité, juste s’abandonner à vivre et rire ! Facile avec ces 15 nouvelles :
Petit aperçu de quelques récits :

  • En Sibérie, un homme détruit la route pour la construction de laquelle il s’est battu pendant des années,
  • Un éleveur de porcs anglais ne supporte plus la cruauté envers les animaux,
  • Un démineur afghan est victime de la misère et de la cupidité,
  • Des femmes qui se révoltent contre la domination masculine, (parfait)
  • Un criminel russe qui se condamne tout seul à 30 ans d’exclusion avant de revenir vers la civilisation et le jugement des hommes,
  • Une mannequin de chez Gucci qui rêve d’être sauvée de la noyade par un pécheur grec,
  • 2 collégiens anglais qui se saoulent avec des vins centenaires,
  • Un naufragé du pacifique qui s’occupe en lisant un sac de lettres perdues et qui préfère rester sur l’île plutôt que d’être rescapé,
  • Un russe en visite officielle en Bretagne qui passe un Noël incroyable dans un phare. (très drôle)….

Une vie à coucher dehors a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle en 2009.

VP

Kim Thuy – Man

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Editions Liana Levi – Mai 2013

Ce livre se situe dans la lignée thématique du roman « Voyageur malgré lui » de Minh Tran Huy,   que j’ai lu récemment dans le cadre du jury du prix de l’Escale du Livre 2015, qui aura lieu à Bordeaux le 11 avril prochain.

Un propos similaire sur l’immigration contrainte du peuple asiatique et sur  le questionnement des origines identitaires, entraves à l’intégration et au bonheur. Ici il s’agit de Man, qui veut dire « parfaitement comblée », jeune femme vietnamienne contrainte à un exil politique. Sa mère qui elle restera au Vietnam la confiera à une seconde maman canadienne chargée de la marier rapidement. Lui sera réfugié thaïlandais, boat people de 20 ans, destiné à faire « l’affaire ».  « Je suis restée debout à le regarder et je regrettais qu’il ne puisse se voir entouré de toutes ces fleurs. A cet instant précis, j’ai su qu’il ne penserait jamais à me faire une place à côté de lui parce qu’il n’était qu’un homme seul et esseulé ».

Un roman classique tout en saveurs car Man n’a pas oublié les mets fins que lui préparait sa mère et reproduit en ouvrant un restaurant toute la délicatesse culinaire vietnamienne à travers des plats qui vont réjouir les exilés de Montréal. Des saveurs aigres douces comme ces 143 pages.

Ce roman est le parcours d’une femme maîtresse de son destin, consciente de ses bonheurs, notamment une réelle amitié nouée avec une canadienne mais aussi de toutes ses frustrations, qu’un amant français viendra combler pendant un temps. Une vie routinière, fade et nostalgique ;  une saudade musicale qui nous berce sans nous transporter réellement. L’auteure a pourtant un talent d’écrivain indéniable.

KIm Thuy est née à Saigon en 1968 pendant l’offensive du Têt. Elle a fui le Vietnam pour rejoindre Montréal à l’âge de 10 ans. Tour à tour couturière, interprète, avocate, chroniqueuse culinaire, elle se consacre désormais à l’écriture. Ru est son premier roman qui a obtenu le Grand Prix RTL-Lire en 2010

VP

Jack London – Martin Eden

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Editions Phébus – 2010

C’est l’histoire d’un gars costaud, bagarreur, sans aucune éducation qui va se retrouver à la table d’une famille bourgeoise d’Oakland et tomber éperdument amoureux de Ruth, la fille licenciée es lettres. Martin Eden est le prototype du héros romantique, type Corto Maltese, dont une fille normalement constituée doit naturellement tomber « in love ».

Mais, c’est aussi l’histoire d’une rédemption à travers la lecture. (Un rêve pour une bibliothécaire !).

Afin de conquérir la jeune femme cultivée, Martin Eden va s’épuiser jour et nuit à s’auto-éduquer au détriment de sa santé. Il va s’imprégner des théories évolutionnistes d’Herbert Spencer en les opposant aux doctrines socialistes et capitalistes. Progressivement Martin Eden prend confiance en lui, en ses facultés intellectuelles à appréhender les meurs de la société qu’il va décortiquer méthodiquement, puis conspuer. Il s’engage également à travers des discours véhéments, afin de témoigner de sa victoire sur l’ignorance, d’exposer ses idées sociales (non socialistes) et de crier (via l’écriture de poèmes) son amour indéfectible pour Ruth. Martin Eden, idéaliste forcené s’astreint à écrire pour gagner de l’argent et vivre ainsi sans renier sa passion. Il crève de faim mais insiste (il se donne deux ans) car il veut dévorer le monde à coups de mots acérés. Il en va de sa survie.
La suite est à découvrir dans le plus autobiographique des romans de Jack London, dont la puissance narrative m’a captivée le temps d’une semaine bretonne de fin d’année.

VP

Jack London est né en 1876 à San Francisco. Il connait le succès après des années de pauvreté, de vagabondage et d’aventures. Auteur prolifique, il laisse à sa mort en 1916 une cinquantaine d’ouvrages parmi lesquels : l’Appel de la forêt (1903) et Croc-Blanc (1906)

 

J.W. Ironmonger – Le génie des coïncidences

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le genie des coincidences

Stock La Cosmopolite – juin 2014

C’est le récit d’une rencontre. La séduisante Azalea Lewis frappe un jour à la porte de Thomas Post, chercheur faisant autorité dans le domaine des coïncidences à l’université de Londres.

Azalea tombée au propre comme au figuré sur Thomas dans le métro quelques semaines auparavant sollicite le chercheur. Elle s’interroge sur le sens de sa vie se résumant pour elle à un enchaînement de coïncidences morbides. Elle souhaite en comprendre la signification. Le hasard est-il programmé ? Est-elle le libre arbitre de sa vie ?

Thomas (vite amoureux de la demoiselle) va donc tenter de décortiquer, de détricoter empiriquement et statistiquement tous les faits troublants qui entourent Azalea. La récurrence des dates est perturbante, aussi bien que tous les hommes aveugles reliés à Azalea.  Thomas enfoncé dans un rationalisme inébranlable perd pied…. « Si rien n’arrive sans raison, alors c’est qu’il y a quelqu’un aux manettes ». Et là ce n’est pas dans le jeu des  possibles de Thomas. Seul le hasard régit le monde. Pas d’anges gardiens, juste le déroulement d’une destinée. Dans cette quête de vérité, toutes les surprises seront permises.

L’écrivain tisse une intrigue redoutable autour des coïncidences et des hasards, qui fascine, questionne l’homme mortel qui est en nous.

Alors, la prédiction de la mort d’Azalea va t-elle avoir lieu (Vous pouvez aussi relire Antigone…)

… Il y a une providence particulière dans la chute d’un moineau.
Si c’est maintenant, ce n’est pas à venir ;
Si ce n’est pas à venir, ce sera maintenant ;
Si ce n’est pas maintenant, pourtant, cela viendra ;
Le tout est d’être prêt.
William Shakespeare, Hamlet

L’écriture fluide coule comme la vie d’Azalea, depuis sa naissance sur l’Ile de Man, jusqu’à l’Ouganda où sévit Joseph Kony, chef d’une bande d’enfants soldats massacreurs, mais où elle a pourtant choisit de retourner.  C’est un livre à suspens, qui se lit d’une traite. Profitez- en avant de vous lancer dans la lecture des romans de cette rentrée.

J.W Ironmonger (ça veut dire quincailler…hi, hi) est né et a grandi en Afrique de l’Est. Docteur en zoologie, il fut autrefois spécialiste des sangsues d’eau douce. (Cool…)

Pour continuer cette histoire, submit your coincidence !

VP

Joyce Carol Oates – Blonde

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Stock – Octobre 2000

Norma Jean Baker est née en 1926 de père inconnu et de mère malade mentale. Envoyée à l’orphelinat, placée en famille d’accueil, mariée à 17 ans, elle devint une actrice platine et torride sous les sunlights d’Hollywood.
Le roman s’appelle Blonde et approche les 1 000 pages. Il se présente comme un récit psychologique touffu, haletant, dantesque écrit à la fois sur un mode narratif réaliste et en contrepoint sur un mode surréaliste fait de visions et d’hallucinations.
C’est également un roman historique sur les années 50 ou plane la suspicion pour tout acteur d’être communiste.  Une vision sordide sur l’injustice et la condition féminine.

Marylin aurait pu faire partie des victimes de la dépression de 1929, elle s’est battue pour survivre. Elle devient célèbre malgré la pauvreté grâce à des photos de pin-up, puis « grâce » aux producteurs d’Hollywood, à qui elle s’est vendue sexuellement.
Cette jeune fille brune, ordinaire, quelconque s’est métamorphosée devenant un produit cinématographique. La communauté misogyne et vénale d’Hollywood l’a transformée  sans jamais lui reconnaitre sa sensibilité, son intelligence et sa capacité d’imagination. Timide et sans aucune assurance, la construction fut facile.

Le monde l’a ensuite rapidement cataloguée comme un sex-symbol.  Marylin était une véritable actrice obsédée par la perfection (elle pouvait refaire 20 fois une prise de vue). Elle souhaitait quitter Hollywood pour faire du théâtre à New-York. Peut-être serait-elle toujours en vie si elle avait réussi ce virage, aidée notamment par son mari d’alors Arthur Miller.

Bref, l’histoire fut autre et l’on retient Bus Stop, Les hommes préfèrent les blondes, Sept ans de réflexion, Les Misfits… Ses chansons en Corée devant les GI, ses mariages, ses avortements, les médicaments, l’alcool, ses robes moulantes, sa fragilité affective, son insatiable besoin d’amour et d’attention… Quelques scènes éprouvantes ponctuent ce portrait, dont celle de la fellation forcée avec JFK  (Oui le beau président admiré par son peuple US) ou les restes d’un de ses avortements rendus par une inconnue dans des toilettes publiques…(un peu glauque).

Ce livre publié en 2000 est le trente-troisième roman de la poétesse et écrivaine Joyce Carol Oates (née en 1938 à Lockport, NY) qui dispense également des cours de creative writing à l’université de Princeton.

Quelques uns de ses livres que j’ai aimés :
Eux (1985)
Les chutes (2005 – Prix Fémina étranger)
La fille du fossoyeur (2008)
J’ai réussi à rester en vie (2011)
Le mystérieux Mr Kidder (2013)

NB : D’après ma copine libraire et prof de maths de Simon, mon fils en train de passer son Bac….  son dernier roman « Mudwoman » est une réussite !!!
Vous avez donc le choix si vous ne connaissez pas encore cet auteur.
A emporter en poche au soleil des vacances…

VP